L’APPEL DE L’ÊTRE de Mathieu Martel
Le choc radical de l’acceptation
L’inacceptable est souvent le fruit de notre aptitude à vivre trop souvent à partir de la perspective de la mémoire ou encore, de notre inaptitude à vivre, selon une perspective ouverte et accueillante, ce qui se présente à nous au moment présent.
Conséquemment, nous pouvons nous placer dans un mode de résistance à ce qui nous entoure ou à ce qui nous arrive, bref à tout ce qui se manifeste dans l’instant. Et plus encore, nous pouvons nous laisser prendre au jeu de la comparaison et du jugement plus souvent qu’à notre tour. C’est que nous croyons avec conviction que tout ce que nous voulons, pensons ou espérons devrait constituer la réalité. Trop souvent, nous vivons en pleine identification à nos plans, attentes et espoirs. Et très rarement, nous entrevoyons, la possibilité que quelque chose puisse être plus grand que nous même, au sens ou Emerson disait : « mon être parle davantage que ce que je dis ». Cela témoigne bien du fait qu’il y a quelque chose au plus profond de nous-même dont la source se situe bien au-delà de la persona, du masque. Cet espace où surgit des intuitions, de l’inspiration et de la créativité. Est-ce parce que nous craignons l’imprévisible ? Est-ce parce que ce qui n’est pas en notre contrôle nous effraie ? Ou encore, est-ce parce que nous vivons selon une perspective, ou un champ de conscience restreint et davantage localisé plutôt qu’ouvert et global, que nous ne nous permettons pas de vivre en contact avec cette source ? Ultimement, le sens de la vie se situe-t-il au-delà d’un simple volontarisme vitaliste que Nietzsche affirmait dans Le Crépuscule des Idoles : « Formule de mon bonheur : un « oui », un « non », une ligne droite, un but… » ?
« S’accepter soi-même relève d’un grand défi. »
L’inacceptable serait possiblement lié à la résistance que nous offrons à ce qui se présente à notre conscience. Cette résistance ne serait qu’en fin de compte qu’une résistance à la vie elle-même et à notre incapacité d’être à son écoute, de « prendre la vie pour guide » pour citer Pyrrhon d’Elis, philosophe grec ancien, père du scepticisme grec. Le manque d’écoute, de ressenti et d’attention est peut-être l’angle mort de notre vie moderne. Il nous est parfois difficile de revenir à l’essentiel et cela entraîne une distanciation d’avec notre être profond. Dès lors, nous sommes plutôt enclin à dire « non » à ce qui se présente bravant ainsi l’ écoute, le ressenti et l’attention. Notre plus grande difficulté est certainement d’être capable de reconnaître ce qui est et ensuite de l’accepter par surcroît. Dès lors, une séparation s’impose entre nous et les événements, mais encore, surgit une difficulté à donner sens à ce que nous vivons et à ce qui nous arrive. Lire la suite